Un café avec Frederic Comode, référent VTI dans le Centre Est
Dans cette série d'articles, nous vous proposons de rencontrer les acteurs des villes et territoires intelligents (VTI) du Cerema dans les différente directions territoriales. Pour cette première édition, nous partons à l'Isle d'Abeau rencontrer Frédéric Comode.
Bonjour Frédéric, peux-tu nous présenter ton parcours ?
Mes débuts professionnels ont eu lieu dans l'éducation nationale, que j'ai très vite quitté pour un organisme du Ministère de l'Agriculture, l'actuelle Agence de Services et de Paiements (ASP), qui s'appelait l'Office national interprofessionnel des céréales, d'abord à Poitiers, puis Châlons-en-Champagne, et enfin Dijon.
J'ai travaillé sur les contrôles financiers des entreprise céréalières, et sur les contrôles des subventions européennes de la PAC aux exploitants agricoles. J'ai eu la chance de pouvoir utiliser les nouvelles technologies, et de faire partie des groupes de travail nationaux : mesures de surfaces cultivées par GPS, photo-interprétation de cultures à partir d'images satellites, numérisation du parcellaire agricole...
Après 2 ans dans le privé, j'ai rejoint la DRAAF de Franche-Comté, puis la DREAL, sur le financement européen des structures des filières agro-alimentaires, forestières et environnementales.
En 2017, j'ai intégré la DDT du Doubs, en tant que référent transition écologique.
Depuis 2021, je suis au Cerema, à la direction territoriale Centre-Est (Auvergne Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté), département Territoires Transition, à l'Isle d'Abeau.
En quoi consiste ton activité au Céréma ?
Directeur de projet Villes et territoires intelligents, j'aide les collectivités à développer des projets en lien avec cette thématique.
J'essaie de construire une offre Cerema cohérente avec les demandes actuelles, autour de la donnée.
Pour cela, l'appui de la mission Fabric'O est essentiel, elle permet de proposer des outils numériques (bac à sable...) et des méthodes (analyse coût bénéfice...).
Elle donne aussi accès à un réseau interne de collègues VTI, et à un réseau externe national et européen.
Peux-tu nous donner un exemple de projet sur lequel tu travailles avec un territoire ?
Le syndicat intercommunal d'énergie et de e-communication de l'Ain (SIEA), nous a sollicité en 2021 pour l'aider à définir son projet de territoires intelligents.
En 2022, un appel à projet financé par la Banque des Territoires est sorti, sur ce sujet. Nous avons alors constitué ensemble un consortium SIEA/Cerema, qui a répondu et a été retenu.
Il s'agit de créer un hyperviseur à l'échelle de toutes les communes du département.
Concrètement, un élu ou un technicien aura accès, depuis un PC, un smartphone, une tablette, à un écran de type Maps, sur lequel tous les objets connectés de son territoire apparaitront sur un fonds cartographique : capteurs de qualité de l'air, de température, d'éclairage public, de production d'EnR....
Le pilotage des systèmes numériques du territoire sera ainsi simplifié : un seul écran, avec une ergonomique homogène d'un système à l'autre.
L'objectif est de d'aider les responsables à répondre rapidement et efficacement aux défis de la transition écologique :
- baisse des consommations d'énergie : faciliter la gestion technique des bâtiments, optimiser l'éclairage public...,
- préservation des ressources : gestion de l'eau, de la qualité de l'air...
- développement des EnR : piloter les productions territoriales...
- adaptation au changement climatique : prévention des risques (inondations)...
Dans le consortium, le Cerema est en charge de la chefferie de projet : recrutement d'un chef de projet, coordination, capitalisation, évaluation, dissémination du projet pour favoriser la réplicabilité.
Il veille également au respect des politiques publiques de la donnée (open-data, souveraineté, interopérabilité) et de la transition écologique (sobriété)
Quelles sont les "tendances" que tu observes des projets dans les territoires ?
La question de la donnée est aujourd'hui mise en avant lors de mes échanges avec les collectivités.
Du capteur à l'hyperviseur, en passant par les réseaux, les projets actuels sont marqués "data".
Certains territoires sont déjà très impliqués, avec par exemple la création et la gestion de réseaux LoRa, la mise en place d'hyperviseur, de centre de données relocalisés...
D'autres sont en réflexion, et le Cerema peut les aider, avec un rôle de tiers de confiance neutre, et qui porte les enjeux de transition écologique.
Quels sont pour toi les enjeux principaux pour que le numérique / la donnée soit utile au développement durable de nos territoires ?
La notion de frugalité est indispensable à tous les stades de développement d'un projet numérique.
La première question est celle de l'intérêt général de la numérisation d'un service public.
Pour répondre, une collectivité a besoin de définir une stratégie du numérique sur son territoire, qui réponde aux enjeux du développement durable, notamment sur la gestion sobre des ressources.
Ensuite, la maîtrise de leurs données me semble un enjeu essentiel, notamment face aux entreprises du numérique, afin de ne pas tomber dans la dépendance d'un seul fournisseur d'une solution numérique (souveraineté).
Enfin, pour que les enjeux de sobriété puissent être portés, les données collectées par une collectivité doivent être d'abord accessibles par tous (open-data), mais aussi lisibles, compréhensibles et réutilisables par tous (interopérabilité).
Ce sont des conditions pour permettre un pilotage efficace de l'action publique, en transparence, et une évaluation des politiques publiques.
Ainsi les habitants peuvent être impliqués, ce qui me semble être un excellent levier pour amener la sobriété dans un projet numérique territorial.