Création d’un hyperviseur dans l’Ain, pour un territoire intelligent et durable.
Fin 2021, dans le cadre du plan France Relance 2030, un appel à projets « Territoires intelligents et durables » est publié par le gouvernement.
Objectif : soutenir des initiatives numériques d’envergure pour mieux piloter les services publics et promouvoir des territoires résilients, inclusifs et économes en ressources.
Le Syndicat Intercommunal d’énergie et de e-communication de l’Ain (SIEA), la Société d’économie mixte Les énergies de l’Ain (SEM Léa), la Régie Li@in et le Cerema ont monté un consortium dont le projet a été retenu par la Banque des Territoires en 2022 : créer un hyperviseur à l’échelle du département de l’Ain.
Un hyperviseur, pourquoi ?
Quel est le point commun entre un lampadaire, un compteur électrique, un compteur d’eau, une borne de recharge pour véhicule électrique et le radiateur au fond de la salle de classe ?
Ils sont tous reliés à un réseau, et ils fournissent de la donnée.
Si un agent de la collectivité ou un élu souhaite savoir combien de lampadaires sont à réparer, il se connecte sur le réseau de l’éclairage public, via une application dédiée, qui collecte et gère les données reçues.
S’il souhaite moduler le chauffage des écoles pour économiser l’énergie, il se connecte sur le réseau des bâtiments publics, avec une autre application dédiée.
Bis repetita pour les compteurs d’eau, les bornes de recharge des véhicules électriques, les parcs photovoltaïques ...
Tout ceci prend du temps et de l’énergie !
Heureusement, il existe une solution : l’hyperviseur.
Il permet aux élus et aux agents, depuis leur smartphone ou leur ordinateur, via une unique application cartographique intuitive, de visualiser et piloter leurs infrastructures réseaux, et ceci en temps réel.
Un hyperviseur, qu’est-ce que c’est ?
Aujourd’hui, de nombreux équipements des collectivités peuvent être suivis à distance : l’éclairage public, le chauffage des bâtiments, la consommation d’eau, les consommations d’énergie, le stationnement…
Pour cela, les équipements intègrent des capteurs, qui fournissent des données, collectées par un réseau spécifique, puis traitées par une application dédiée, appelé superviseur.
Il y a donc autant de systèmes différents que de cas d’usage (éclairage, chauffage, eau, énergie…)
L’hyperviseur est un super-superviseur : il centralise tous ces superviseurs, et les présente dans une seule application, avec la même interface graphique.
Mais avant d’en arriver là, il faut une préparation minutieuse, en amont, et en concertation avec les acteurs impliqués :
– quels sont les cas d’usage ?
– quels sont les matériels : capteurs, réseaux ?
– quels sont les superviseurs ?
Et la question la plus importante : comment tous ces éléments communiquent, entre eux et avec d’autres ?
Captures d’écran de l’hyperviseur (version test)
Quel intérêt d’un hyperviseur ?
L’objectif est double :
diminuer les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre des infrastructures de l’Ain,
améliorer le service rendu aux usagers
En effet, grâce à cet hyperviseur, l’accès simplifié et rapide aux données permet aux élus et aux agents de piloter plus efficacement leurs réseaux en temps réel : détection de fuite ou de panne, régulation du chauffage, extinction d’éclairage public, gestion de parcs photovoltaïques…
Et grâce à la puissance d’analyse des données, les élus et agents disposent d’un outil d’aide à la décision stratégique, pour un service public plus efficace et durable : adapter la consommation d’électricité selon les variations de production des parcs photovoltaïques, prioriser les chantiers de rénovation énergétique des bâtiments publics selon leurs consommations constatées, évaluer l’efficacité d’un nouvel équipement…
Quel est le calendrier du projet ?
2021 : Première collaboration entre le Cerema et le SIEA, qui élaborent une candidature commune à l’Appel à projet Territoires Intelligents et Durables
2022 : La candidature est retenue par le Ministère chargé de l’économie et la Banque des Territoires.
2023 : Lancement du projet en avril, pour une durée de 3 ans, définition des cas d’usage prioritaires, recrutement d’un chef de projet.
2024 : Finalisation des interfaces de supervision, test de la version initiale
Puis il est prévu :
2025 : Déploiement des capteurs sur 200 communes, extension du projet avec de nouveaux cas d’usage, évaluation des résultats de la phase pilote.
2026 : Mise en service complète de l’hyperviseur et début de la maintenance opérationnelle
Combien ça coûte ?
Coût total du projet sur 3 ans : 2 716 k€
Montant de subvention allouée par la Banque des territoires : 1 273 k€, dont 191 k€ pour le Cerema
Au 31/08/2024, plus de 10 000 heures de travail ont été consacrées au projet, avec la participation de plus de 250 agents ou élus sur le territoire de l’Ain.
Que fait le Cerema ?
Le Cerema assure la coordination des différents partenaires, veille à l’application des meilleures pratiques en transition numérique et énergétique, et garantit l'interopérabilité des systèmes.
Il s’assure que ce projet soit un modèle reproductible à l’échelle nationale, à travers :
– la diffusion de standards ouverts
– l'évaluation des retombées environnementales, sociales et économiques.
– le respect des standards d’interopérabilité, de sécurité et d’innovation.
– le suivi et l’évaluation du projet, notamment sur les externalités environnementales, sociales et économiques.
– la diffusion nationale de cette solution auprès des collectivités, à des fins de réplicabilité.
Quels enjeux pour les collectivités ?
La stratégie « Ville et Territoire Intelligents » (VTI) du Cerema portée par la mission Fabric'O vise à favoriser l’utilisation d’open-data, l’interopérabilité et la réversibilité des systèmes.
Il s’agit de limiter la dépendance des collectivités vis-à-vis de solutions spécifiques propriétaires, tout en garantissant des pratiques durables telles que la sobriété numérique, et d’améliorer la connaissance du territoire, la participation citoyenne et l’optimisation de l’action publique.
En participant à ce projet, le Cerema porte ces enjeux de sobriété, d’ouverture et d’interopérabilité de la donnée auprès des collectivités.
Conclusion
Aujourd’hui, le projet a permis de déployer les premiers modules de l’hyperviseur, qui gère déjà l’éclairage public, les installations photovoltaïques et la gestion technique des bâtiments. La phase pilote a également permis de tester certains capteurs énergétiques, tandis que la formation des élus et techniciens est en cours de planification.
Ce premier bilan confirme la pertinence de l’initiative pour l’avenir du département de l’Ain et pourrait bien inspirer d’autres territoires en quête de durabilité.
Contact : Frédéric Comode, DTer Centre Est