La donnée au cœur de la smart city
La smart city collecte des données sur les réseaux techniques et sur les usages des habitants, pour optimiser sa gestion et améliorer la qualité de vie. La gestion des données constitue donc un enjeu stratégique pour la démocratie locale, la gestion du territoire et le développement économique.
Une masse de données générées par la numérisation de la ville
Selon leurs priorités politiques, les villes et les territoires intelligents encouragent la participation citoyenne, développent de nouveaux services numériques pour simplifier la vie des habitants ou encore optimisent la gestion de leurs réseaux, afin de réaliser des économies et réduire leur impact sur l’environnement.
Concrètement, cela se traduit par une collecte en temps réel de données sur les usages et les opinions des habitants, via des applications dédiées, ainsi que sur l’état instantané des réseaux d’eau, d’électricité, de chauffage ou encore de transports, mesurés par des capteurs. Parallèlement, le mouvement de l’open data amène les administrations à identifier, structurer et publier les données publiques.
[Vidéo] La donnée au cœur de la smart city
Maîtriser les données pour les valoriser : un enjeu stratégique
Qu’elles soient publiques ou privées, les données ainsi générées constituent une précieuse source d’information sur le territoire. Certaines données peuvent même s’avérer stratégiques pour la prise de décision, et par là-même pour la souveraineté territoriale. D’autres peuvent constituer une ressource pour le développement socio-économique du territoire par la création de nouveaux services.
A ce titre, la gestion des données relève d’une mission d’intérêt général, appelée « service public de la donnée » ou « régie locale de données ». Ces missions ont pour vocation de favoriser le partage et la réutilisation des données, en réunissant données publiques et privées au sein de « plateformes de données » territoriales, aussi appelés « entrepôts de données » ou « lacs de données » (data lakes)1.
C’est par les croisements de données en provenance de différentes sources et l’utilisation de techniques d’analyse de données massives (big data) et d’intelligence artificielle qu’une valeur nouvelle pourra être extraite de ces données.
Compétences nouvelles, réorganisation de service et gouvernance partagée
Au-delà des nouvelles compétences techniques à acquérir2, c’est donc avant tout une fonction de pilotage stratégique de la donnée locale qu’il faut créer, à même de favoriser le décloisonnement entre métiers, d’ouvrir la collectivité à la culture de l’expérimentation et de piloter une gouvernance partenariale de la donnée pour maîtriser et encourager la valorisation qui en sera faite.
En effet, dans l’économie numérique, les acteurs dominants de demain seront ceux qui accèderont à un maximum de données et qui seront en mesure d’en tirer de la valeur. L’enjeu est donc pour les collectivités de suivre ce mouvement au plus près, et de se donner les moyens de promouvoir l’intérêt général dans la gestion et la valorisation des données territoriales, notamment en construisant un projet de territoire partenarial qui dépasse les intérêts particuliers des parties prenantes et qui prenne position sur les enjeux politiques de la transition numérique.
Notes :
1 Pour ce faire, des clauses spécifiques peuvent être introduites dans les délégations de service public et des partenariats d’innovation ouverte (open innovation) peuvent être mis en place avec des entreprises désireuses de partager leurs données.
2 Les profils de data scientists sont encore très coûteux. Des partenariats peuvent être noués avec des organismes possédant ces profils (universités, entreprises, etc.) pour mutualiser les coûts.